La notion d’équilibre acido-basique est une notion fondamentale qui fait partie de l’hygiène de vie quotidienne. Découvrez les dessous physiologiques de cet équilibre indispensable à la santé, comment le corps travaille à le préserver, et quelle alimentation favorise l’équilibre acido-basique.
Parler d’équilibre, c’est parler de polarités, de contrastes, de tendances opposées qui tendent à faire échec à cet équilibre. Ainsi, en observant la vie, qu’on la considère sous quelque rapport que ce soit, nous la voyons comme une perpétuelle recherche d’équilibre entre deux polarités opposées.
En plus de ces deux forces antagonistes et complémentaires, il faut en considérer une troisième qui incarne la possibilité de l’équilibre. Equilibre idéal qui ne peut être atteint de manière durable., Cc’est sa recherche, implicitement liée à la nécessité d’un déséquilibre qui est l’élément dynamique, générateur de la vie. Ainsi, l’équilibre physiologique peut se définir comme alternance harmonieuse et rythmée entre deux déséquilibres.
En ce qui concerne notre sujet, on peut définir ces trois éléments comme étant : la tendance à l’acidose, la tendance à l’alcalose et la possibilité d’un équilibre entre les deux. L’étude de l’équilibre acido-basique va nous amener à considérer la dynamique entre la tendance acide et la tendance alcaline de l’organisme, passant par des phases d’équilibre précaire, élément central de cette nécessaire alternance.
Nous allons observer dans le corps le rythme pendulaire acido-alcalin analogue à un grand respir, et nous verrons que ce respir est lui-même rythmé d’une part, par les périodes d’alimentation et les périodes de jeûne au cours des vingt-quatre heures, et d’autre part, par l’alternance veille-sommeil, autre grande « respiration » de la physiologie humaine.
Les différents appareils et systèmes organiques impliqués dans cette grande régulation sont :
- L’appareil digestif
- Le sang
- Les tissus mésenchymateux
- Le foie
Et ces interactionsinter-actions sont régulées par :
- Les poumons
- Les reins
Nous allons étudier chacun d’eux et voir leur participation privilégiée au mécanisme d’ensemble.
L’équilibre acido-basique : quelques définitions
Mais avant tout, définissons ce que signifie « acide » et “basique » ou « alcalin », et ce que l’on ’appelle le “pH” et le “système tampon”.
Le pH
Le pH est l’unité de mesure du degré d’acidité ou d’alcalinité d’une solution. On a coutume de dire qu’un acide est un donneur de protons et qu’une base est un accepteur de protons, ou un donneur d’électrons.
Le pH est donc le chiffre mesurant le degré d’acidité ou d’alcalinité d’un liquide. Ce chiffre est compris entre 0 et 14.
De 0 à 7, on parle d’acidité décroissante
A 7 on parle de neutralité
De 7 à 14 on parle d’alcalinité croissante.
C’est une question de convention. Ainsi, les liquides biologiques qui auront une valeur de pH inférieure à 7 seront appelés des solutions acides, et inversement les liquides biologiques de valeur supérieure à 7 seront appelés des solutions basiques ou alcalines.
Ces valeurs ont une importance majeure pour le bon fonctionnement des processus vitaux. En effet, dans un système biologique vivant, toute variation importante et brutale des valeurs du pH peut porter préjudice à la vie. Aussi existe-t-il un certain nombre de systèmes de protection qui veillent à éviter de brusques et grandes variations du pH. On appelle ces systèmes des systèmes tampons.
Les systèmes tampon
Ceux-ci existent à tous les niveaux de l’organisme, mais les plus connus sont les systèmes tampons du tissu sanguin. Là existent des systèmes tampons nombreux et efficaces car les variations du pH sanguin ne peuvent être que très minimes sans compromettre la conscience.
Des systèmes équivalents existent à tous les niveaux de l’organisme.
Ces définitions succinctes sont suffisantes pour suivre la suite de l’exposé.
L’importance du pH pour la digestion
Chaque viscère de l’appareil digestif fonctionne de manière optimale dans une ambiance acido-basique qui lui est propre. Cette valeur est différente d’un viscère à l’autre. Si pour un viscère donné, ces conditions de pH ne sont pas respectées, son travail sera amoindri, et l’enchaînement des processus digestifs qui lui font suite s’en trouvera perturbé.
Afin de permettre le bon fonctionnement de l’ensemble il est donc important que, pour chaque segment du tractus digestif, les valeurs de pH soient respectées.
La pepsine stomacale acide casse les protéines en polypeptides. La trypsine pancréatique les transforme en acides aminés, mais le pH du chyme doit être ramené à des valeurs plus alcalines pour permettre la digestion des graisses, des hydrates de carbone et des protéines.
Si le milieu alimentaire est trop acide au niveau du duodénum, la digestion des graisses, des hydrates de carbone et des protéines reste incomplète et leur décomposition se produit dans l’intestin grêle et le côlon, provoquant le développement d’une flore anormale en qualité et en quantité, responsable de putréfaction, de constipation et d’auto-intoxication.
LES PROCESSUS DE FERMENTATION ET DE PUTRÉFACTION
Les micro-organismes des matières fécales appartiennent à des espèces très variées, les unes aérobies, les autres anaérobies. On estime que le corps microbien représente environ 1/3 de la masse fécale. L’activité microbienne est maximale dans le caecum, où elle effectue la synthèse de nombreuses vitamines (vitamines K et B : acide pantothénique, biotine, acide folique, B12) et permet à l’organisme de résister plus longtemps à certains régimes carencés.
Chez l’homme, il se produit dans la première partie du gros intestin des phénomènes analogues à ceux qui se développent dans le tube digestif des herbivores, mais leur ampleur est moindre. L’activité microbienne attaque la cellulose des aliments cellulosiques assez tendres. Ces derniers permettent ainsi d’utiliser non seulement les matériaux nutritifs ainsi libérés, mais encore les produits de la dégradation de la cellulose elle-même.
Les microbes sont capables de sécréter des enzymes qui dégradent l’amidon, la cellulose, les matières protidiques.
– les glucides subissent un processus de fermentation acide qui s’accompagne de dégagement de CO2. Ils sont transformés en acides organiques divers (acide lactique, acide butyrique, acide propionique, acide acétique, acide succinique) dont une partie est absorbée et utilisée dans le métabolisme ;.
- Les protéines subissent un processus de putréfaction. En fonction de leur structure complexe, elles donnent naissance à des produits beaucoup variés : ammoniaque, amines, phénol, inode, scatole, hydrogène sulfuré). La putréfaction (contrairement au processus de fermentation) engendre des produits basiques. Les produits de putréfaction sont presque tous plus ou moins toxiques (les ptomaïnes).
A partir de ces protéines mal dégénérées, beaucoup d’acides aminés subissent une décarboxylation qui produit les amines toxiques :
H
R C NH2 (décarboxylase
Bactérienne) RCH2NH2 + CO2
COOH ptomaïne
L’histidine se transforme en histamine
La tyrosine en tyramine
La lysine en cadavérine
L’ornithine en putrescine
L’arginine en agmatine
La cystine (cystéine) en mercaptan
Le tryptophane en indole et scatole
Beaucoup de ces amines sont de puissants vasoconstricteurs, l’indole et le scatole (méthylindole) sont les substances particulièrement responsables de l’odeur des selles.
Physiologiquement, il existe un véritable antagonisme entre les fermentations et les putréfactions. Alors que les bactéries de fermentation s’accommodent bien d’un milieu acide, celles de putréfaction ne supportent pas ces conditions ou tout au moins se développent mal dans un tel milieu.
Aussi longtemps que les fermentations acides restent actives dans l’intestin, les putréfactions ne se produisent pas, ou seulement d’une façon insignifiante. Normalement, les fermentations acides débutent dans la seconde partie de l’intestin grêle, s’accumulent dans la partie terminale et atteignent leur intensité maximum dans le caecum.
Les acides organiques formés sont partiellement neutralisés par les sécrétions alcalines de la muqueuse. Une partie d’entre eux est absorbée et utilisée par l’organisme. A l’état normal, le contenu du caecum reste donc acide et les germes de putréfaction ne se développent pas.
Si presque tous les glucides de la ration alimentaire ont été digérés et absorbés avant que le contenu intestinal ne parvienne au caecum, les putréfactions deviennent vite prépondérantes. Cet inconvénient est facilement évitable. Il suffit que la ration alimentaire comprenne des aliments riches en glucides protégés par des enveloppes cellulosiques (céréales). Les fruits et les légumes, en particuliers les carottes, les pommes, la caroube, permettent de lutter aussi efficacement contre les putréfactions.
Lorsque la masse fécale en voie de formation quitte le caecum et le côlon ascendant, elle est voisine de la neutralité et ne contient presque plus de glucides utilisables par la flore intestinale de l’homme. Les microbes des fermentations meurent donc progressivement et laissent se développer ceux de la putréfaction. La masse fécale devient alcaline.
Les putréfactions se développent non seulement aux dépens des résidus des protéines alimentaires, mais aussi et surtout aux dépens des protéines issus des sécrétions et desquamations de la muqueuse intestinale ainsi que les cadavres libérés, puis deux processus bien connus rentrent en jeu pour la formation des produits de la putréfaction : la décarboxylation et la désamination.
La décarboxylation des acides aminés donne naissance à des amines : ornithine,lysine,tyrosine,histidine… qui engendrent respectivement la putrescine, la cadavérine, la tyramine, l’histamine…Naissent également le mercaptant, l’hydrogène sulfuré, l’ammoniac, la scatole et l’indole.
Les produits de la putréfaction sont tous plus ou moins toxiques. La fraction absorbée par la muqueuse intestinale arrive directement au foie par la veine porte. Par ses actions chimiques, le foie est capable de transformer les substances toxiques d’origine intestinale. Il oxyde l’indole en indoxyles (indoxyle-sulfate et indoxyle-glycuronate), et le benzène en phénol (phéno-sulfate et phénol-glycuronate). Ces substances conjuguées sont dénuées de toxicité, et sont éliminées pars l’urine. Le dosage de ces substances dans l’urine est un moyen d’estimer l’intensité des putréfactions intestinales.
La plupart de thérapeutes qui s’occupent des pathologies gastro-intestinales sont étonnamment mal informés de l’effet de la prise d’acide chlorhydrique sur l’organisme, prescrit pour lutter contre une carence d’acides stomacaux, ou au contraire, de la prise de bases pour lutter contre l’hyper acidité stomacale (en cas de pyrosis par exemple).
Il est en effet classique de recommander à un patient la prise d’acide chlorhydrique (avec ou sans pepsine) sous forme de pilules si on suspecte chez lui une insuffisance en acide gastrique. Ce qui peut paraître logique est pourtant une erreur sur le plan physiologique. De tels patients n’ont pas besoin d’un supplément en acide chlorhydrique pour aller mieux, mais au contraire, d’un mélange alcalin.
Ce n’est pas notre estomac, mais notre intestin qui est l’organe digestif, et l’administration d’acide chlorhydrique affaiblit son activité, car les sucs digestifs intestinaux, contrairement à ceux de l’estomac, nécessitent un environnement alcalin. Ainsi, un mélange de sels alcalins stimule et renforce l’activité de la digestion intestinale alors qu’un apport d’acide l’affaiblit.
LES SÉCRÉTIONS DE L’ESTOMAC
Physiologiquement, la sécrétion acide de l’estomac provient des cellules de l’épithélium et se fait à partir du sodium et du chlore sanguin.
Chimiquement, pendant ce processus, une quantité équivalente de bicarbonates (NaHCO3) est obligatoirement synthétisée en même temps :
. Le radical CI du sel (NaCI) est hydrogéné pour produire l’acide chlorhydrique
. Le résidu Na se combine alors avec l’acide carbonique et l’est pour former le bicarbonate de soude (NaHCO3)
NaCI+H2O+CO2————– HCI+NaHCO3
Les deux produits ainsi formés sont d’importance égale pour l’organisme, mais la base est plus importante pour le processus digestif, simplement à cause de la longueur de l’intestin, et se trouve ainsi privilégiée.
Alors que l’acide chlorhydrique est évacué dans la lumière gastrique, le sel basique formé est emmené par voie sanguine vers les organes sécrétoires qui ont besoin de base pour produire leurs sécrétions digestives :.
.le foie
.le pancréas
.les glandes intestinales (Lieberkühn et Brünner)
Il faut voir les cellules sécrétoires de l’estomac comme les cellules qui synthétisent préférentiellement les sels basiques nécessaires aux organes digestifs pour produire leurs sécrétions. La sécrétion d’acide chlorhydrique étant comme un sous-produit de cette synthèse. Ce sous-produit étant éliminé dans l’estomac.
Il est curieux de constater qu’en cas d’ablation de l’estomac, les troubles digestifs qui en découlent sont dus à une carence de production de sels basiques plutôt qu’à un manque de synthèse d’acide chlorhydrique.
On peut considérer l’estomac comme l’organe sécréteur du pancréas, excréteur de l’acidité dont le pancréas n’a pas besoin pour sa sécrétion exocrine. C ‘est parce que la sécrétion stomacale est acide que la sécrétion pancréatique peut avoir un pH aussi alcalin.
En faisant appel à des notions d’énergétiques, on peut dire que, sur le plan fonctionnel :
. L’estomac est au pancréas ce que
. La vésicule est au foie ce que
. La vessie est au rein.
Ainsi, en prescrivant un acide digestif par la bouche, on ralentit la production normale des cellules sécrétoires de l’estomac, et on prive les organes alcalo-sécrétoires du tube digestif d’un apport adéquat en sels basiques.
L’équilibre acido-basique : conseils pratiques
Si le milieu alimentaire est trop acide au niveau du duodénum, la digestion des graisses, et surtout des protéines, reste incomplète. Leur décomposition se produit alors dans l’intestin grêle et dans le côlon, c’est-à-dire trop tard. Dans ce cas, le processus de putréfaction, domine sur le processus normal de fermentation, et il se produit constipation et auto-intoxication par les ptomaïnes.
De même, si l’alimentation est trop pauvre en sucres lents, et que presque tous les glucides de l’alimentation sont digérés et absorbés avant le caecum, le processus de fermentation de protection diminue au niveau du côlon, et celui de putréfaction devient prépondérant.
On voit déjà ici une première indication de l’emploi des sels alcalinisants qui vont stimuler la sécrétion physiologique de l’estomac.
Ainsi, les sécrétions alcalines du duodénum et de ses glandes alcalines se trouvent directement augmentées à partir du mécanisme sécrétoire gastrique.
Mais pour éviter les phénomènes de putréfaction, une correction de l’alimentation est également essentielle.
1. Tout d’abord, il faut éviter la consommation abusive de sucre blanc qui favorise la prolifération bactérienne au niveau de l’intestin, en particulier une flore colibacillaire génératrice d’acide oxalique.
2. Il faut également éviter la consommation excessive de viande, principale responsable des putréfactions intestinales.
3. La mastication est l’un des actes majeurs du processus digestifs. Elle permet de bien débuter la digestion, et surtout celle des protéines. Si les protéines carnées ne sont pas correctement mastiquées, leurs restes non digérés fournissent un milieu de culture à la flore de putréfaction qui se développe trop.
4. La consommation de sucres lents et de fibres végétales constitue un excellent moyen de lutter contre les phénomènes de putréfaction intestinale. Ainsi, la consommation de céréales complètes, peu riches en gluten ; et en quantités raisonnables, de fruits (surtout les pommes), et de légumes (les carottes et la caroube) constituent de moyens efficaces de lutter contre les phénomènes de putréfaction dans l’intestin.
Les corps aromatiques qui donnent l’odeur nauséabonde des selles sont le reflet direct de l’importance des phénomènes de putréfaction au niveau du côlon. Ceux-ci donnent naissance à des ptomaïnes toxiques. Le foie les neutralise en les conjuguant, mais lorsqu’elles sont produites en abondance, le foie est surchargé de travail et rapidement débordé. Elles passent alors dans la circulation à l’état non conjugué. La langue prend cet aspect chargé qui témoigne de l’état critique des fonctions hépatiques
5. Si la langue est chargée (surtout le matin) et les selles malodorantes, la pratique de lavements rectaux de deux litres permet d’évacuer rapidement la flore intestinale pathogène et de libérer le foie.
6. Iil convient également d’alléger le repas du soir, ce qui soulage l’activité nocturne de détoxification du foie et permet une élimination efficace de la surcharge toxinique
L’EQUILIBRE ACIDO-BASIQUE DU SANG
Il est remarquable de constater que, malgré les à-coups de l’alimentation, le pH sanguin reste stable entre 7.36 et 7.42 soit en moyenne : 7.39. Il en est de même pour celui des sécrétions physiologiques telles la sueur, les larmes, l’humeur aqueuse, le liquide céphalo-rachidien, la lymphe et le liquide péritonéal, qui subissent des variations très faibles.
Pour faire face aux variations acido-basiques liées à l’alimentation, l’organisme dispose au niveau du sang d’un certain nombre de moyens qu’on appelle les tampons plasmatiques et les tampons globulaires, qui regroupent six systèmes de tampons.
Le tissu sanguin est le plus protégé des tissus de l’organisme en ce qui concerne les variations de son Ph. Ses six systèmes efficaces et bien organisés lui sont indispensables, car le pH sanguin ne peut varier que dans de faibles limites sans qu’il se produise de graves troubles métaboliques et de la conscience.
En dehors des limites normales, mais extrêmement réduites, du pH physiologique, la vie n’est plus concevable. Ainsi, lorsque le sang atteint un pH de 6.95, nous entrons dans un état de coma, le muscle cardiaque s’arrête et la mort s’ensuit. C’est le cas par exemple du diabète grave. En revanche, lorsque le pH atteint une valeur de 7.7 on devient très irritable, et à l’extrême des crises de tétanie, des convulsions pouvant aller jusqu’à la mort, peuvent survenir.
A cause de son caractère particulier de fluidité, le tissu sanguin en perpétuel mouvement, s’adapte presque immédiatement aux variations de son équilibre biologique en général, et de son équilibre acido-basique en particulier.
Curieusement, le tissu sanguin retiendra donc peu notre attention en ce qui concerne notre sujet. Nous savons qu’il est bien protégé et que les variations de son pH ne peuvent être que très faibles. C’est une nécessité biologique. Or, par le fait même de sa fluidité, le sang est un médium, un solvant, et un transporteur. Il va donc se comporter comme un agent de liaison entre les organes et les tissus, sans être impliqué de manière importante dans les variations de sa composition.
Il faut ici évoquer les travaux de l’ingénieur Louis-Claude Vincent. Il s’est consacré aux variations du pH sanguin, à sa résistivité et son potentiel oxydo-réducteur. Il en conclut que dans un état de santé idéal, le pH sanguin tendait vers des valeurs plus acides.
REINS et POUMONS les ORGANES ELIMINATEURS DES DECHETS ACIDES
L’organisme de l’homme possède deux organes essentiels qui lui permettent de se débarrasser des déchets acides qui résultent de son fonctionnement. Ce sont les reins et les poumons. Chacun est spécialisé dans l’élimination d’un type particulier d’acide car la structure chimique des acides est différente en fonction du type de nourriture dont ils sont issus.
Certains acides sont difficiles à éliminer, et c’est le rein qui s’en charge. Ce travail est long et difficile, mais le rein est adapté à cette fonction. Son activité est pourtant limitée en quantité, et il ne peut dépasser une certaine capacité d’élimination acide. Il faut donc éviter de le surcharger.
D’autres acides sont plus faciles à éliminer, car ils se transforment en une substance qui a la propriété de « s’évaporer », de se diluer dans l’air. Cette forme d’élimination est donc réservée aux poumons. C’est un travail beaucoup plus facile que le précédent, et qui est couplé avec la respiration. Il s’effectue donc sans effort. De plus, le poumon peut aisément adapter sa capacité d’élimination en fonction des besoins de l’organisme.
Il est important de comprendre ces deux mécanismes, car c’est une clé importante sur le plan pratique.
REGULATION PHYSIOLOGIQUE DE L’EQUILIBRE ACIDO-BASIQUE
Les acides provenant du catabolisme protidique produisent, si le catabolisme, aboutit aux produits terminaux aptes à être éliminés, deux types d’acides.
Les acides « volatils »
Par les poumons sont excrétés des acides dits « volatils », provenant surtout de la dégradation des protéines végétales, aboutissant à des acides organiques faibles qui sont dissoust à l’état libre sous forme d’anions.
Les acides citriques, oxaliques, pyruvique, acétylacétique, béta-hydroxybutyrique, se transforment en acide carbonique qui est éliminé sous forme de gaz carbonique. Cette élimination correspond à 13 000 à 15 000nmolH+/jour.
L’adaptation est rapide, par augmentation de la fréquence et de l’amplitude respiratoires qui permettent une élimination de CO2, donc une action directe sur le rapport acide. Le contrôle en est central et réagit à la concentration en ions H+ et en acide carbonique du sang.
Les acides fixes « non volatils »
Provenant surtout de la dégradation des protéines animales, ils aboutissent à des acides minéraux forts qui sont éliminés par les reins.
Le rein est le seul organe capable d’éliminer les ions H+ liés à des anions non volatils.
. Les acides aminés aboutissent à l’acide urique,
. Les acides aminés soufrés des protéines (methionine, cystine, cystéine) donnent l’acide sulfurique.
. Les acides nucléiques, les phospholipides, les phosphoprotéines (caséine, albumine) donnent l’acide phosphorique.
Cette élimination correspond à 100 nmol H+/jour.
L’adaptation est lente. Le rein est susceptible d’éliminer également certains acides organiques faibles circulant sous forme libre, mais son plus gros travail est l’élimination des acides non volatils.
Il est intéressant de noter que l’organisme possède deux systèmes physiologiques éliminateurs des excès d’acides. Ces deux systèmes sont sélectifs. L’un deux est orienté vers l’élimination des acides faibles. Il est adaptable. L’autre est capable d’éliminer les acides forts, mais sa capacité est limitée.
Il est aisé de comprendre qu’une nourriture carnée sera plus acidifiante qu’un régime végétarien. Une alimentation équilibrée comportera donc surtout des légumes, des crudités, des céréales, des légumineuses et des fruits.